Nos cultures sont diversifiées

Cela permet de laisser s’écouler plusieurs années avant de ressemer une même culture sur une parcelle. C’est ce que l’on appelle la « rotation des cultures». Chaque espèce cultivée a son rôle, ses spécificités agronomiques, sa période de culture.

Les légumineuses

Les légumineuses (luzerne, trèfle, vesce) sont les « têtes de rotation » de nos cultures. Elles constituent le socle de notre rotation. elles ont la particularité de fixer l’azote de l’air dans le sol ; l’azote étant un élément déterminant dans la culture des céréales qui vont suivre. Certaines légumineuses ont un effet « nettoyant » au niveau de plantes indésirables, elles améliorent la structure du sol et cassent le cycle des champignons, source de maladies cryptogamiques dans les céréales.
La luzerne, par exemple, reste implantée durant 3 années. Elle va aérer le sol grâce à ses racines puissantes et développées. Ainsi, l’air va mieux circuler dans le sol et, par conséquent, les micro-organismes et autres « petits habitants » du sol vont pouvoir se développer. De ce fait, ils fertiliseront le sol en digérant les résidus végétaux et animaux et créeront des galeries facilitant la pénétration des eaux de pluie… La luzerne est également un désherbant naturel très efficace contre le chardon des champs. Ses racines émettent une substance qui bloque le développement de ce chardon qui va ainsi péricliter rapidement pour finir par disparaître…

Autre exemple : les vesces ne restent implantées qu’une seule année mais vont, par la densité impressionnante de leur végétation, empêcher la lumière d’atteindre le sol. Ainsi, les plantes indésirables n’ont plus de lumière pour assurer la photosynthèse nécessaire à toute plante pour se développer et, par conséquent, elles ne peuvent pas survivre.
Toutefois, chacune a ses particularités propres et certaines légumineuses peuvent favoriser le développement de plantes indésirables. C’est le cas du trèfle violet qui favorise, naturellement, la levée du rumex.

Les mélanges graminées et légumineuses

Ces mélanges sont composés de graminées (dactyle, fétuque, fléole) et de légumineuses (luzerne et trèfle blanc). La diversité de leur composition va leur permettre de se compléter, tant sur le plan agronomique que sur la valeur alimentaire du fourrage issue de ce mélange.

La durée d’implantation d’une telle culture est de 5 à 8 ans. Cela va permettre de lutter contre certaines plantes indésirables, de casser le cycle des champignons à l’origine des maladies cryptogamiques des céréales et d’apporter une quantité importante d’humus dans le sol. Ces cultures sont implantées sur des parcelles qui ne sont pas très adaptées à la culture de céréales car très caillouteuses et avec très peu de profondeur de sol.

Les céréales

Les céréales (blé, avoine, épeautre, engrain, orge…) sont des plantes exigeantes. Mais, comme pour les légumineuses, chacune a ses spécificités et ses besoins propres.

Sauf cas très exceptionnel, nous cultivons le blé après une légumineuse.
Le blé est la céréale la plus exigeante. Ses besoins, notamment en azote, sont très importants. Il est très sensible aux maladies et sa capacité à résister à la concurrence des plantes indésirables est faible. Toutes ces caractéristiques justifient de le placer juste après une légumineuse.

L’épeautre est plus rustique. Il est moins gourmand en azote et résiste mieux aux maladies et aux plantes indésirables. Il est, généralement, cultivé après un blé, un méteil, un tournesol ou un sarrasin

Quant à l’engrain, très rustique, il trouvera sa place après un épeautre, un méteil ou un tournesol.
Et enfin, l’orge et l’avoine seront placées après un blé ou un épeautre ; on pourra y associer un semis de luzerne.
Le blé, l’épeautre, l’avoine et l’engrain sont destinés à l’alimentation humaine. Une partie est transformée en farine, vendue à la ferme. L’orge est destinée à l’alimentation animale ou humaine, suivant les variétés.

Les mélanges céréaliers ou méteils

Les mélanges céréaliers ou méteils sont des associations de différentes espèces dans une même culture. Cette pratique est courante en Agriculture Biologique. Il existe différents types de mélanges qui vont du mélange binaire aux mélanges plus complexes appelés également « méteils ».

Nous cultivons des méteils complexes, composés de 11 espèces (blé, triticale, seigle, orge, escourgeon, avoine noire, avoine noire, épeautre, pois fourrager, pois protéagineux et vesces) ou plus simples, composés de 8 espèces (orge, escourgeon, seigle, avoine noire, avoine blanche, pois protéagineux, pois fourrager et vesces).

Ce méteil est cultivé après un blé, un épeautre ou un tournesol. Plus le mélange est complexe, plus il est facile à positionner dans la rotation. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, les différentes plantes ne se concurrencent pas, mais elles se complètent ; les céréales servant de « tuteur » aux pois et aux vesces, et ces derniers fixant l’azote de l’air dans le sol pour les céréales. De même, la diversité des espèces réduit le risque de maladies. De plus, le tout formant une végétation d’une très forte densité, les plantes indésirables sont très bien contrôlées.

Le tournesol

Le tournesol n’est pas, pour nous, une « tête de rotation ». Nous le considérons plus comme un intermède en milieu de rotation. Le tournesol est une « culture sarclée ». Les rangs sont semés avec un large espacement (50 cm), ce qui permet de pouvoir « sarcler » (travailler le sol pour éliminer les herbes) entre les rangs, avec un outil appelé « bineuse ».

Ce travail peut être répété plusieurs fois pendant la durée de la culture. Outre le fait de casser le cycle des champignons à l’origine des maladies cryptogamiques des céréales, le principal intérêt de la culture du tournesol est de pouvoir lutter contre certaines plantes indésirables que l’on ne peut quasiment pas détruire dans les céréales. Il s’agit de certaines graminées indésirables dont la folle avoine est la plus représentative dans nos sols alcalins. Le tournesol se sème au printemps.
On va donc détruire les jeunes pousses de folle avoine, avant le semis, par un travail répété du sol au printemps. On appelle cela des « faux semis ». Ensuite, pour les autres pousses de folle avoine qui vont arriver après le semis, avec la bineuse, nous sarclerons entre les rangs et recouvrirons les plantes indésirables présentes sur le rang par un petit « buttage » ; ainsi, elles n’auront plus accès à la lumière et leur photosynthèse sera bloquée, ce qui entrainera leur dépérissement. Le tournesol trouve sa place après un méteil, un épeautre ou un engrain. Pour limiter les risques de maladies sur cette culture, nous laissons s’écouler au moins cinq ans entre deux semis de tournesols.

Le sarrasin

Le sarrasin est appelé également blé noir, bien que ce ne soit pas une céréale. Il fait partie de la famille de polygonacées comme l’oseille et la rhubarbe. Cette plante se caractérise par une croissance très rapide et une floraison tout au long de l’été. La durée de la culture est donc très courte (75 à 120 jours) et s’arrête dès le premier gel. L’autre caractéristique du sarrasin est d’être une plante nettoyante, elle émet une substance qui exerce une action gênante sur les autres plantes qui souhaiteraient s’implanter à côté d’elle. Il est même conseillé d’attendre, après récolte, environ trois semaines avant de ressemer, ceci afin que le sol ait digéré ce « désherbant » naturel… De ce fait, cette culture nécessite peu de lutte mécanique contre les plantes indésirables. D’autre part, n’étant pas une céréale, elle casse le cycle des champignons à l’origine des maladies cryptogamiques des céréales.

Par contre, son rendement est aléatoire. La présence d’abeilles facilite la pollinisation de cette plante très mellifère. Après récolte, un triage est nécessaire ainsi que le séchage des graines.
Ensuite, les graines de sarrasin sont transformées en farine qui sera utilisée pour faire, par exemple, de délicieuses crêpes ou galettes !